Eternità D'Amore : Monteverdi - Cavalli - Legrenz
Zachary Wilder & Josep. M Marti Duran

LMU013
Vers une simplicité recherchée
Pour Eternità d’amore, Josep María et moi sommes partis de pages de musique de chambre vocale de Monteverdi et de ses héritiers. La musique et l’histoire riche de la Venise décadente du XVIIe siècle nous ont semblé le territoire idéal pour notre recherche et notre réflexion. Parmi les oeuvres dont le langage musical se prête à l’archiluth et à la voix de ténor, nous avons recherché des pièces exceptionnelles, que nous voulions servir par une interprétation très directe, riche et détaillée. Pour les Vénitiens, cette musique avait une fonction de représentation sociale, mettant en valeur leur éducation et leur intelligence dans un cadre intime, entre amis. En entamant cette collaboration, nous avons adopté un style conversationnel analogue, souhaitant que le paysage sonore et l’interprétation en soient le reflet. C’est pourquoi nous avons opté pour un enregistrement en studio et bénéficiant de techniques qui rappellent les traditions du jazz et de la variété.
Les oeuvres les plus importantes et les plus opératiques de ce programme, les « Lagrime d’Erminia » de Rovetta et la cantate « À piè d’un bel cipresso » attribuée à Cavalli, démontrent la maîtrise de ces deux compositeurs, chacun dans son style. « Lagrime », un exemple achevé du madrigal soliste, reprend le flambeau du recitar cantando caractéristique des opéras de Monteverdi. Le chanteur entonne ou récite le texte, infléchi par la ligne mélodique et les changements d’harmonie, créant ainsi une théâtralité intense, une immédiateté que l’on ne retrouvera qu’avec Wagner et le vérisme. La provenance d’« À piè » est incertaine, mais si l’oeuvre a bel et bien été écrite par Cavalli, c’était au crépuscule de sa courte vie. On y perçoit les prémices de l’aria da capo (A-B-A), et de l’alternance de l’aria et du recitativo qui prédomineront dans l’opera seria au siècle suivant. Le matériau mélodique joue un rôle beaucoup plus important dans la conduite du discours et l’expression des affects ; on entend également la profonde influence de la musique populaire de l’époque. L’aria finale nous montre un maître de la mélodie au sommet de son art. Comme souvent dans la musique populaire de l’époque, les autres pièces sont des arie et des canzone, qui vont des pages plus formelles, mais délicieusement savantes, de Legrenzi, aux chansons strophiques de Marini. Notre plus grande surprise a été la découverte des chansons avec guitare d’Obizzi et de Stefani, dont les mélodies nous ont littéralement transportés. La romanesca de Stefani, « Eternità d’amore », marie une poésie aux émotions directes à une simplicité recherchée qui, nous semble-t-il,
incarne vraiment l’esprit de ce projet.
Zachary Wilder
Zachary Wilder | ténor
Josep. M Marti Duran | archiluth & guitare baroque
Pistes